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Éden, Audur Ava Ólafsdóttir.


Il y a dans l’écriture d’Audur Ava Ólafsdóttir quelque chose de magique et d’inclassable. 

Qui relève du flottement. Du mouvement, aussi infime soit-il. 

Ses personnages sont à l’image des actes qu’ils posent : étrangers à tout, presque évanescents, et pourtant. 

Ils ne sont que vie pure. Incomparablement présents à eux-mêmes, 

présents à la vie. 

À ce qui fait son sel et son bonheur. 


Chacun des livres de l’autrices islandaise est un bain de jouvence. Il plonge son/sa lecteur.ice dans une eau changeante. Parfois tiède et réconfortante, froide et déstabilisante, ou brûlante. 

On les croit anodins, on se dit qu’il ne s’y passe rien, on peine à comprendre ce que l’on a sous les yeux mais, on sait que ses mots pourraient traverser les âges. 

Ils ont en leur sein une sagesse millénaire. Celle de l’attention suprême, aux choses, aux émotions, aux sensations. Comme ses grand.e.s sœurs et frères avant lui, Éden est de la trempe des sensibles, de ceux qui regardent le monde avec le cœur au bord des lèvres. 

C’est un texte confondant de grâce, de subtilité et de finesse. D’une beauté aussi déchirante que dissimulée. Ni tapageuse, ni outrancière. 

Délicate, tout simplement. 


*


Alba voyage aux quatre coins du monde pour des colloques sur les langues en voie d’extinction. De retour à Reykjavík, elle fait le compte : pour compenser son empreinte carbone, il lui faudrait planter 5’600 arbres. Ni une ni deux, elle repère un terrain de roche, de lave et de sable avec une petite maison. Rien n’est censé pousser là mais Alba y projette déjà une colonie de bouleaux. 

Peu à peu, Alba tente d’apprivoiser son jardin d’Éden. Elle s’équipe au rayon bricolage de la boulangerie, prête l’oreille à son voisin qui lutte contre un projet d’usine à glaçons, et s’attache à un jeune réfugié prêt à absorber tout le dictionnaire. 


L’éditeur.ice ajoute : 

Ode au pouvoir infini des mots, Éden explore notre faculté à déjouer les paradoxes de l’existence, à nous réinventer. Un régal d’humour et d’humanité.


*



Audur Ava Ólafsdóttir compte parmi les auteur.ice.s dont j’ai lu tous les textes. Je la retrouve chaque fois comme je retrouverais une vieille amie, différente et pourtant inchangée. Son attention au monde me touche infiniment, ses personnages qui se perdent pour un rien dans des pensées aussi immenses qu’insondables me semblent relever de la plus grande poésie. 

Le soin qu’elle porte aux silences et au plus petit des mots transpire dans chacune de ses phrases. 


L’autrice islandaise n’explique rien. Elle montre tout. Toujours extérieure à ses personnages, elle n’essaye jamais de sonder leur âme. Elle parvient néanmoins à nous fait ressentir le moindre soubresaut de leur cœur, le moindre mouvement qui les agite. 

Et c’est prodigieux.  


Comme Le rouge vif de la rhubarbe, L’embellie ou Miss Islande, Éden est la nouvelle toile sur laquelle s’étend toute la poésie contenue sous le crâne entre les mains d’Audur Ava Ólafsdóttir.

Et j’espère qu’elle continuera longtemps à labourer nos âmes de cette pâte inouïe et magistrale. Céleste, dirait-on.  

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