Il existe des textes pour lesquels il y a un avant et un après.
Des textes que l’on aurait voulu avoir lus plus tôt.
Beaucoup plus tôt.
Et que l’on aimerait mettre entre toutes les mains.
Yes vegan !, un choix de vie, de Catherine Hélayel est de ceux-là.
Car il n’est tout bonnement pas possible de le faire sien, et de continuer à vivre comme si de rien n’était.
Comme si ces mots, cette pensée, cette vérité ne nous avait pas explosé au visage, un jour d’août 2024.
Ce jour-là, toute la souffrance, infligée ici bas, — aux femmes, aux hommes, aux enfants, aux animaux — m’est apparue comme insupportable.
Littéralement.
Ce jour-là, il m’est devenu insoutenable d’y participer, ne serait-ce qu’une journée de plus, et d’une quelconque manière.
Impossible de consommer encore des saucisses issues d’un porc torturé puis lentement étouffé dans un puits à CO2 ou plongé vif dans l’eau bouillante,
Impossible de savourer un morceau de vache égorgée encore enceinte, son veau se débattant dans son ventre décédé,
Impossible de me délecter d’un poulet ébecqué à la lame chaude, confiné dans une cage de la taille d’une feuille A4, ses poussins mâles broyés ou étouffés à peine nés.
Impossible de continuer impunément à voler le lait des veaux séparés de leur mère dès la naissance, hurlant à la mort de l’autre côté de la clôture, et envoyés à la boucherie quelques jours plus tard.
Impossible de consommer ces crèmes solaires, testées en rasant et en entaillant des lapins, puis en laissant leur peau brûler jusqu’à ce que mort s’ensuive, sous des lampes à UV.
Impossible d’acheter ces produits d’entretiens déposés au goutte à goutte sur leurs yeux maintenus ouverts jusqu’à destruction totale de leur cornée.
Impossible de continuer à nourrir ma chienne avec des croquettes testées sur d’autres chiens, affamés, torturés, délibérément carencés (dans le but de vérifier les effets de certains nutriments sur leur organisme, on réalise des ablations des reins des organes génitaux, de parties de foie ou d’intestin, de peau ou de dents ; et l’on insère directement les tuyaux dans les intestins des chiens).
Impossible de maintenir mon activité d’artisane du cuir, sachant les conditions inhumaines dans lesquelles il était produit.
Impossible d’acheter des pulls en laine connaissant l’horreur que vivent les moutons australiens (premiers producteurs de laine dans le monde).
Ce jour-là, j’ai réalisé que je ne pouvais tout simplement plus utiliser la vie des animaux pour mon propre petit confort.
Que cela ne relevait en rien du confort, de fait.
C’était devenu tout simplement hors de question.
J’ai réalisé que la vie de ces animaux n’avait pas plus de valeur que la mienne.
Que, comme mes filles, ces veaux avaient le droit de téter leur mère et vivre dans leur giron.
Que ces vaches, ces chèvres, ces porcs, ces chiens, ces poissons, ces poules, étaient, comme moi, des êtres doués d’émotion, de sensibilité, des êtres vulnérables, et souffrants. Et qu’il ne m’appartenait pas, par et pour ma consommation, de décider de leur sort, de les faire souffrir dans des proportions insensées.
Depuis ma lecture de Yes vegan!, je ne veux plus participer à cette immense tuerie de masse. À ce système concentrationnaire à grande échelle.
À cette barbarie odieuse.
Si je n’ai aucun moyen d'agir pour que cela s’arrête, je peux au moins cesser d’y prendre part. Ouvrir les yeux. Abandonner mon aveuglement confortable. Faire comme si je ne savais pas.
À partir de dorénavant, les animaux ne seront plus à mon service.
Les véganes ne sont pas des êtres tristes, maigres faibles et carencés. Ils et elles ont fait un choix de vie. Libérateur, militant et infiniment joyeux.
Ils et elles veulent vivre dans un monde où tous les êtres vivants vivent égaux en droits, où aucune discrimination n’a été créée entre les espèces, les races et les classes. Ils et elles veulent vivre dans un monde où personne n’est l’esclave de personne,
pas même les bêtes.
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