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Photo du rédacteurloudebergh

Traverser les montagnes, et venir naître ici, Marie Pavlenko.


Je n’ai pas les mots pour dire la splendeur de ce texte. Son intelligence, sa douceur, son humanité. 

Dans mon crâne : une douleur. Dans mon cœur : la honte. 

De telles histoires n'existent que parce que la réalité leur sert de marchepied. 


Traverser les montagnes et venir naître ici est un grand roman. Il a tout bougé en moi. Le plus petit des os, la plus infime des synapses. Il a entravé ma gorge d’un sanglot, fait de mes mains de noueux cèpes de vigne, et mouillé mes yeux. Ses dernières pages ont saigné mes pensées d’une hargne pure. Sans crainte et sans tabou. 


*


Astrid a tout perdu. À quarante ans, plus rien ne la retient, alors elle part. Elle achète sans l’avoir visité une maison isolée dans la région montagneuse et sauvage du Mercantour. Parmi ses bagages, un carton marqué d’une croix rouge, ce qu’il lui reste de sa vie passée. 

Soraya a tout laissé derrière elle. Sa Syrie natale, sa famille, ses amis, son insouciance. Elle traverse la montagne pour rejoindre la frontière française en se cachant de la police. Dans son ventre, une vie qu’elle déteste grandit. 


*


Marie Pavlenko m’a sidérée dans sa capacité à dire la solitude et l’infinie tristesse. Par ses grâces, je les ai vécues aux côtés d’Astrid. Ressenties. Palpées. Je les ai imaginées, visualisées. J’en ai goûté les plus infimes nuances. 

Et j’ai compris la douleur qui colonisait tout. L’inimaginable fait réalité. 

Le personnage de Soraya, rencontré ensuite, m’a émue aux larmes. Les pulsations de son courage ont lacéré mon dos, l’horreur de ce qu’elle avait traversé, ses peurs et la pureté de son regard tourné vers l’avenir ont accroché mes entrailles. 


Voilà que j’avais, le temps d’une lecture et sous les yeux, des sœurs. Des amies. Des mères. 

Par elles, je constatais la grandeur et la magnificence de la sororité. 

Et l’immensité de ses pouvoirs. 

Ainsi que la bêtise des hommes (Max, Dieu soit loué, tu étais là!), leur folie et leur hargne. 


La langue de Marie Pavlenko est simple, expressive, efficace. Au service d’un propos, d’une histoire, d’un combat. Son phrasé, prêt à courber l’échine, se met volontiers en sourdine pour faire ressortir l’immensité, la vérité et la beauté du fond. 


Marie Pavlenko nous livre ici deux destins de femmes inoubliables, deux douleurs indicibles qui se rencontrent et s’apprivoisent. C’est un roman poignant et lumineux qui raconte le deuil, la solidarité et l’espoir, porté par une plume captivante et sincère. 


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