Les bouchères, Sophie Demange.
- loudebergh
- il y a 11 heures
- 2 min de lecture

Un partout, balle au centre. Voilà la première phrase qui m’est venue en terminant Les bouchères de Sophie Demange. Je me trouvais aussi partagée qu’il est possible, authentiquement enthousiaste et absolument déçue à la fois.
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À Rouen, dans ce quartier bourgeois, impossible de manquer la devanture rose des Bouchères. Depuis la rue, on peut entendre l’aiguisage des couteaux, les masses qui cognent la viande et les rires des trois femmes qui tiennent la boutique. Derrière le billot, elles arborent fièrement leurs ongles pailletés et leurs avant-bras musclés. Mais elles seules savent ce qui les lie : une enfance estropiée, une adolescence rageuse et un secret. Lorsque plusieurs notables du quartier s’évaporent sans laisser de traces, les habitants s’affolent et la police enquête. En quelques semaines, les bouchères deviennent la cible des ragots et des menaces...
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J’avais sous les yeux le roman idéal – un texte comme je les adore, un peu pop, radicalement moderne, explosif juste ce qu’il faut, dans l’air du temps, absolument – …que je ne parvenais pourtant pas à aimer. Tout y était cependant : un synopsis génial, des thèmes qui me sont chers (féminisme, sororité, culture du viol), une intrigue bien campée et des personnages inspirants – sur le papier. J’avais par ailleurs lu le roman en quelques heures, signe (et pas des moindres) d’une certaine réussite.
Mais je n’ai cessé d’être gênée aux entournures : je trouvais à l’histoire des notes simplistes et des ficelles grossières, des relents de manichéisme et assez peu de finesse narrative. L’idée en embuscade était indubitablement bonne (et juste), mais impossible d’être sensible à la façon de la mener! Je n’ai pas réussi à m’attacher à ces trois femmes qui m’ont tout du long parues un brin désincarnées. Bref, la grande enthousiaste que je suis n’a pas été touchée au cœur.
Il n’empêche que je suis reconnaissante à ce genre de récit d’exister – et ce, de plus en plus. Des personnages féminins forts et indépendants, la sororité en étendard et la vengeance en ligne de mire, sont ce dont le monde des lettres et des récits a le plus besoin. J’aurais simplement souhaité que cette histoire me soit donnée à lire avec plus de subtilité. Elle aurait ainsi pu emporter mon cœur en sus de mes méninges.
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