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Le chant de la rivière, Wendy Delorme.

Photo du rédacteur: loudeberghloudebergh


Splendeur que ces quelques pages rassemblées.

Miracle, j’ose le mot. 

Le chant de la rivière de Wendy Delorme se lit comme une brise, 

un souffle, la descente d’un torrent, et avec la rage de l’eau dont il est le lit. 


Libraire depuis peu devenue, j’ai conseillé hier ce roman à une lectrice. Je n’en étais qu’à la moitié – et je lui ai dit – mais je sentais que cette première partie couvait un trésor. Je lui parlais d’un texte très doux, contemplatif, sensible et emprunt d’une poésie toute en nuances. Elle s’est hâtée de l’acheter, m’assurant m’en donner des nouvelles la semaine suivante. 


Rentrée chez moi, mes enfants couchées, je me suis empressés de me couler à nouveau dans les mots de Wendy Delorme. J’ai pensé à cette lectrice qui était certainement en train de faire de même et je me suis dit que c’était très beau : deux femmes, que plusieurs générations séparaient, qui, le même soir, lisaient la même histoire (et quelle histoire!), sous des cieux montagneux. 

Emportée, je n’ai pu m’arrêter. Et en avançant dans ma lecture j’ai pensé : ce texte n’a plus rien de la douceur des débuts (j’espère que la lectrice ne m’en voudra pas!), ou plutôt, ce texte brûle d’une intensité exceptionnelle. Ma poitrine s’est littéralement serrée d’effroi les pages filant, lorsque j’ai compris que l’inéluctable arriverait. 


*

« Je suis l’eau qui charrie les larmes de Clara. La vapeur du souvenir au carreau de fenêtre lorsque tombe la nuit. Je suis les flocons de neige se posant sur leurs langues tirées haut vers le ciel, dans l’hiver cristallin. Je suis le ruisselet où elles marchaient pieds nus lorsque venait l’été. Je suis l’humidité entre leurs cuisses mêlées et au bout de leurs doigts, je suis le torrent de leurs âmes liquides, et la salive des mots qu’elles chuchotaient tout bas. Je suis la nuée, l’onde après le tonnerre qui noie toute la vallée sous un fracas d’éclairs, je suis leur joie grondante, je suis leur colère. Il faut bien qu’on m’entende, j’ai une histoire à dire, seul le vent me répond. Le vent a retenu le souvenir de Meni ».

Dans ce roman envoûtant, Wendy Delorme nous plonge dans deux histoires d’amour qui se font écho à deux époques différentes, nous donnant à entendre la mémoire de vies minoritaires, dans un récit où les éléments, l’eau, le vent, les arbres et les pierres deviennent des personnages à part entière.



*


C’est une immense tristesse qui m’a assaillie en refermant ce livre, une fois terminé. Je n’avais pas envie de quitter cette montagne, ces personnages immenses, cette rivière à la mémoire vive, cette âme liquide dévalant les cœurs. Je n’avais pas envie de revenir à ma réalité – une bonne place dans le train pourtant, serpentant entre les montagnes, une librairie en ligne de mire. 

Entre les mots de Wendy Delorme j’étais bien. Émue en diable, prise entre les quatre feux d’un sublime morceau de littérature, lit d’une rivière miroitante, puissante et indomptée. 

 
 
 

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Louise DE BERGH, Chardonne. 

loudebergh@gmail.com

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