La patience des traces de Jeanne Benameur est une absolue splendeur.
C’est LE texte que je vais m’employer à offrir ici et là,
celui que je vais mettre entre le plus grand nombre de mains, celui que je vais chérir longtemps.
Profondément cérébral, immensément intelligent, c’est aussi le roman le plus sensuel (et sensible) qu’il m’ait été donné de lire dernièrement. Si les idées y ont la part belle, elles ne sont rien sans la chair,
absolue, envoutante,
omniprésente entre ses pages.
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Psychanalyste, Simon a fait profession d’écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d’une brèche dans le quotidien – un bol cassé – vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Il lui faudra quitter sa ville au bord de l’océan et l’île des émotions intenses de sa jeunesse, s’éloigner du trio tragiquement éclaté qui hante son ciel depuis si longtemps. Aussi laisser derrière lui les vies, les dérives intimes si patiemment écoutées dans le secret de son cabinet.
Ce sera un Japon inconnu – un autre rivage. Et sur les îles subtropicales de Yaeyama, avec les très sages et très vifs Monsieur et Madame Itô, la naissance d’une nouvelle géométrie amicale. Une confiance. À l’autre bout du monde et au-delà du langage, Simon en fait l’expérience sensible : la rencontre avec soi passe par la rencontre avec l’autre.
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L’histoire qui me lie à ce roman à la constance de l’océan et la tranquillité des vagues qui le meuvent. Découvert il y a plusieurs années dans l’émission La Grande Librairie, je m’étais empressée de l’offrir à mon amoureux – psychanalyste de son état – en mentionnant sur la page de garde que je pensais l’histoire écrite pour lui.
Il faut croire que j’avais vu juste. Lecteur précis et attentif, il avait été bouleversé par La patience des traces et me l’avait vivement recommandée.
Il a néanmoins fallu attendre deux ans de plus pour que le roman m’appelle,
qu’il se glisse sous mes yeux avec douceur et grâce,
et qu’il déplace tout à l’intérieur.
La patience des traces est un envol. Un chemin vers la liberté,
semé de fougue, de feu et de rage,
d’histoires d’amour et d’amitié.
Les êtres qui en peuplent les pages pensent, vivent, parlent, désirent et nagent.
Ils apprennent à se taire aussi,
car « le silence soit être bordé de paroles justes. Alors seulement il est habitable. »
C’est un texte d’une rare justesse.
Toutes les phrases méritent d’être lues plusieurs fois tant elles résonnent,
bruissent,
multiplient.
Elles ouvrent des portes, des fenêtres,
font frémir le cœur et germer les larmes.
Elles sont la Beauté même,
servies sur un plateau d’argent,
La splendeur de l’étoffe,
serties de sable fin.
La patience des traces est un enchevêtrement de moments de grâce.
Une lecture épiphanique.
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