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Photo du rédacteurloudebergh

L'île, Sigríður Hagalín Björnsdóttir.



Me voilà sans voix. Littéralement. 

Les yeux secs, le cœur comme un caillou. 

Sidérée. 

Par ce morceau de littérature – glaçant. Cette plongée dans l’horreur, 

cette montée en tension narrative, 

et la vérité du propos qu’il sous-tend. 


Imaginez : du jour au lendemain, l’Islande est coupée du reste du monde. Plus d’internet, plus de téléphone, plus d’essence, plus de bateaux affrétant des marchandises. 

Et pas assez de nourriture pour tout le monde. 

Imaginez…


Lisez maintenant L’île. 

Et voyez comment Sigríður Hagalín Björnsdóttir porte cette idée avec virtuosité.

Par ses mots, on partage la sidération des habitant.e.s, leur colère et les stratégies peu à peu mises en place. 

On admire…

Un temps. 

Et peu à peu, 

cela dérape. 

Dramatiquement.


*


Il arrive que se produisent des choses qui rassemblent l’humanité tout entière, et chacun se rappelle l’endroit où il se trouvait quand il a appris la nouvelle. Le monde peut devenir si petit qu’il se résume à un seul être humain. À un homme minuscule dans un fjord abandonné d’Islande.

Un homme qui se souvient : comment toute communication avec le monde extérieur fut soudain coupée, comment réagirent le gouvernement, les médias, la population. Comment il réagit lui-même, journaliste politique flirtant avec les sphères du pouvoir, en couple avec María, musicienne d’origine étrangère.

Le pays, obsédé par son passé, croit pouvoir vivre en autarcie, rejette dangereusement tout ce qui n’est pas islandais, et réactive des peurs ancestrales. Faire face à la faim, dans un pays de volcans cerné par les eaux.

Comme un piège qui se referme.


*


Je trouve la littérature islandaise d’une richesse et d’une liberté exceptionnelle. J’admire cette langue inchangée depuis le XIème siècle, les textes qui la font vivre aujourd’hui de par le monde, couverts d’un manteau que l’on ne trouve nulle par ailleurs. Brut, âpre, sensuel, lumineux. 

Je découvre tous.tes (oui, c’est compulsif!) ses auteurs.ices avec un plaisir sans nom, me réjouissant comme une enfant du quart d’heure volé avec mon livre en cours. 

De loin, sur mon canapé, c’est toute cette île que je chéris, 

grâce aux mots des romanciers.ères qui la disent, mieux que tout autre.


Cette fois encore, je n’ai pas été déçue. Je découvre le premier roman de Sigríður Hagalín Björnsdóttir sur le conseil d’une lectrice de la bibliothèque dans laquelle je travaille.

Et quelle claque! 

L’île est un texte glaçant. D’une intensité narrative inouïe. 

Répondant d’une montée en puissance inégalée. 

Et abjecte. 

C’est un texte terrifiant, brûlant, grandiose. 

Un pur bijou de ténèbres. 

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