top of page
Rechercher

J'emporterai le feu, Leïla Slimani.

Photo du rédacteur: loudeberghloudebergh


« Mais ce n’est pas en se regardant dans le miroir qu’on devient écrivain. Les histoires commencent quand on les traverse. »

Quelle absolue splendeur que ce dernier volet! Quel récit exceptionnel! C’est avec une peine immense et une admiration infinie que je referme ce troisième tome du Pays des autres de Leila Slimani. Je crois n’avoir pas aimé un texte avec une dévotion si parfaite depuis longtemps. 


*


Enfants de la troisième génération de la famille Belhaj, Mia et Inès sont nées dans les années 1980. Comme leur grand-mère Mathilde, leur mère Aïcha ou leur tante Selma, elles cherchent à être libres chacune à sa façon, dans l’exil ou dans la solitude. Il leur faudra se faire une place, apprendre de nouveaux codes, affronter les préjugés, le racisme parfois. 


*

« Oui, il a fallu que ce soit moi qui raconte et je me souviens de ces papillons belles-dames qui entament un épique voyage depuis l’Afrique jusqu’au cercle polaire avec pour seul guide le soleil. Des papillons minuscules, des migrateurs extraordinaires pesant à peine un quart de gramme, et ce n’est jamais celui qui part qui arrive à destination mais son petit-enfant. Ces éternels fugitifs bravent le soleil qui brûle leurs ailes, le froid qui les fige et, aveugles, ils attendent les vents de la nuit pour survoler les mers. »

J’ai été terriblement touchée par ce passage qui décrit, à mon sens, merveilleusement ce qu’a fait Leïla Slimani dans cette fresque familiale magnifique. Bravant les tempêtes et les doutes, arrachant à l’obscurité quelques onces de lumière, dévorant les âmes et les cœurs des êtres qui lui sont chers, elle a fait de sa famille la source d’une incroyable saga romanesque. De celle qu’on ne lâche pour rien au monde. Subjugué.e.s que nous sommes. Ému.e.s à jamais. 

Il fallait que ce fut elle, la fille de la troisième génération. Celle qui comprend, digère et met en mots. Celle qui fait les liens et sublime. Celle qui grandit et porte. Il fallait que ce fut elle. Car elle-seule était capable de traverser le miroir, intégrer aux souvenirs de son histoire familial son souffle insensé et son imagination hors-pair. 


"Je déteste les romans où l’on retrouve un manuscrit perdu, des cassettes contenant des confessions, les vestiges d’une vie qu’on n’a pas vécue. C’est trop facile, ça n’existe pas et avec le temps, il n’y a plus de secrets mais seulement des mystères. Moins tu en sauras, mieux ça vaudra, disait mon père et j’ai fini par penser qu’il avait raison. Il faut laisser la vérité aux familles qui n’ont pas d’imagination. »

Et d’imagination Leïla Slimani en a. C’est un souffle d’une vertigineuse puissance qui porte ce roman. Une sensibilité, une intelligence, une attention à la complexité. Et un élan! Impossible de vous décrire la joie qui m’a étreinte, tout au long de ma lecture. Celle de vivre une narration endiablée, de me couler dans une langue aussi classique que grandiose, au service d’une très très grande Histoire. J’en ai aimé chaque phrase. 


« Il s’imaginait une vie où il aurait le temps de lire tous ces livres, une vie qui n’aurait d’autre but que de pénétrer l’âme des autres et où les voyages seraient immobiles. C’était ça le problème, se dit-il, cette impossibilité à choisi une existence, à s’y tenir, ce désir persistant d’une vie autre que le sienne. »

Et c’est tout à fait ce que m’a offert J’emporterai le feu : une vie autre que la mienne. 

Une vie qui a eu l’immense vertu 

d’élargir mon horizon et faire éclore mes désirs. 




4 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


Join my mailing list

  • Instagram

© 2023 by The Book Lover. Proudly created with Wix.com

Louise DE BERGH, Chardonne. 

loudebergh@gmail.com

bottom of page