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Quelle merveille! Quelle douceur, quelle finesse, quelle intelligence!
Alors que je referme Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko, je me dis que s’il ne fallait lire qu’un seul livre cette saison, ce devrait être celui-là.
Parce qu’il est père de toutes les vérités, début de toute chose, seule pensée valable.
*
Samaa vit dans un monde qui pourrait être le nôtre bientôt. La vie a presque entièrement disparu de la surface de la Terre. Le sable a tout dévoré. Son peuple, nomade, traque les derniers arbres et vend le bois pour survivre. Samaa aimerait être chasseuse elle aussi, mais c’est une charge d’homme.
Un jour pourtant, elle désobéit et suit les chasseurs.
Mais le désert a mille visages.
Samaa se perd et fera une rencontre qui changera le destin de sa tribu à jamais.
*
Les récits les plus simples sont souvent les plus puissants. Ils n’ont pas besoin de montrer les muscles, de faire preuve d’un style particulièrement fantasque, ou de réduire en cendres leurs adversaires. Ils se contentent d’Être. Dans toute leur Vérité.
Ils sont justes. Lumineux. Ils existent et n’ont besoin de rien de plus pour être lus.
Ils touchent quiconque les effleure, grandissent n’importe quel être qui pose les yeux sur eux,
et changent celui ou celle qui s’attelle à leurs pages,
radicalement.
J’aime entendre l’autrice Marie-Hélène Lafon parler de son rapport à la lecture. Je ne sais plus quels sont ses mots, mais elle dit toute sa capacité à démultiplier le réel. Élargir le regard, devenir horizon. Personnellement, je serai une bien piètre humaine sans les romans avec lesquels je biberonne mon coeur.
Et quand ceux-ci se révèlent être de formidables fables écologiques, politiques et sociales, je ne peux pas ne pas m’interroger (plus encore que je ne le fais d’habitude). Remettre en question, sans cesse et à tout propos, nos modes de vie, nos manières de penser, nos coutumes mortifères.
Et si je ne crois que très modestement à la théorie du colibri qui dédouane fort aisément les grands de ce monde, et met entre les mains de ceux qui n’ont qu’un pouvoir très limité la responsabilité d’actes qui devraient être posés par ceux qui détruisent sciemment la planète, je crois en la force des récits. Eux seuls sont capables de forger un imaginaire et construire, dès le berceau, un regard, une ouverture, et des possibles.
C’est ce que fait magistralement Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko et c’est diantrement réussi.
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