top of page
Rechercher

Au pays des choses dernières, Paul Auster.

Photo du rédacteur: loudeberghloudebergh


Quel étrange roman… 

Bien loin de l’image d’Épinal que j’avais conservée des romans de Paul Auster – image ancienne certes, mais non moins vive.

Ce soir, le lave-vaisselle qui ronronne derrière moi sonne avec autrement plus de fracas que les mots dans ma boîte crânienne. 

Qu’en dire? 


Peut-être commencer par vous expliquer comment ce livre est arrivé entre mes mains. 

J’ai entamé, il y a quelques semaines maintenant, la rédaction de mon troisième roman. Celui-ci se dessinant comme une dystopie, je trouvais à propos de faire mienne toutes les grandes contre-utopies que la littérature avait fait émerger ces dernières décennies (spoiler : il y en a beaucoup). En cherchant toutes leurs occurrences, je suis tombée sur Au pays des choses dernières de Paul Auster et j’ai nourri pour ce texte, avant même de savoir ce dont il était question, une véritable fascination. Sa lecture me promettait de renouer avec un amour littéraire de jeunesse – les romans de Paul Auster –, je n’en demandais pas plus. 


*


De ce "pays des choses dernières" où elle tente de survivre au froid et au désespoir, Anna Blume – venue chercher son frère disparu – écrit une longue lettre dont on ne sait si elle trouvera jamais son destinataire : ses errances dans une ville aux rues éventrées, sa lutte pour subsister parmi les "chasseurs d'objets" et les "ramasseurs d'ordures", la mort omniprésente, la difficulté de vivre des amours durables... revêtent ici une force symbolique d'une actualité étonnante. Et cette lettre, en même temps qu'elle éveille en lui un passé de terreurs et d'apocalypse, interroge insidieusement le lecteur sur son rapport au monde et au langage.


*


Donner naissance à une dystopie, c’est élaborer un monde. 

Un monde radicalement différent de celui que nous connaissons. 

Qu’importe sa temporalité, ses règles et ses codes, 

il se doit d’être autre, impénétrable et terrifiant,

nous transportant dans un ailleurs que l’on ne désire pour rien au monde. 

Il doit aussi (et avant tout) tenir debout. 


Et c’est là que le bât blesse. 

Rien ne tient dans la « ville » construite par Paul Auster. On n’y croit pas. 

C’est horrible certes, sordide cela va sans dire, inimaginable, 

mais on saute d’une incongruité à l’autre sans ménagement. 

Il n’y a pas vraiment de règle, rien à quoi se raccrocher. Rien ne fonctionne et pourtant, les l’état de fait résiste étonnamment bien. 

Bref, on a l’impression que Paul Auster a construit son univers dystopique avec toutes les idées, pêle-mêle, qu’il avait sous la main, sans s’alourdir d’une élaboration quelconque, d’une réflexion réelle. 


Mais. Mais. Mais. 

J’ai ADORÉ. Et je l’ai dévoré. Pas une seconde n’ai-je songé à laisser ce Pays des choses dernières de côté. Peut-être justement parce que ce texte respirait Paul Auster. Qu'on le sentait partout à la manœuvre. Que sa langue, comme toujours, était d’une force redoutable, d’une précision inimaginable. Que ses personnages avaient la finesse des êtres qui sans cesse se cherchent, loins des archétypes et des simplifications. Et que la fin du roman avait l’intelligence des plus sages récits. 


Pas une pause dans son Pays, pas un chapitre, à peine quelques paragraphe de-ci-de-là. Mais j'ai été pris.e en étau. Dans la tenaille de son talent. 

Lui seul capable de me faire venir au bout d’une histoire qui pourtant, ne tenait pas debout. 

Et pour cela, chapeau bas! 

 
 
 

Yorumlar


Join my mailing list

  • Instagram

© 2023 by The Book Lover. Proudly created with Wix.com

Louise DE BERGH, Chardonne. 

loudebergh@gmail.com

bottom of page